Dans le contexte de la pandémie mondiale de Covid-19, l’Institut français d’Afrique du sud-Recherche a lancé une enquête destinée à comprendre les effets de la pandémie sur les populations vulnérables. Elle a donné lieu à un film documentaire.
Dans le contexte de la pandémie mondiale de Covid-19, l’IFAS-Recherche a lancé une enquête collective destinée à en comprendre les effets sur les populations vulnérables en Afrique du Sud — et tout particulièrement sur les travailleurs du secteur informel durement touchés par le confinement très strict imposé à l’ensemble du pays à partir du 27 mars 2020 (« Level 5 ») et graduellement assoupli (descente en « Level 1 » à partir du 1er octobre).
En juin 2020, l’UMIFRE a fait appel à Chaymaa Hassabo, chercheuse associée au département de Sociologie de l’université de Johannesburg (UJ), pour concevoir cette recherche en tant qu’investigatrice principale et pour coordonner une enquête de terrain avec une équipe de quatre jeunes chercheurs sud-africains. La pandémie et le confinement très strict qui en a résulté ont soulevé avec acuité la question des inégalités.
Dès qu’il a été à nouveau possible de faire du terrain à partir du mois d’août, l’enquête a pu démarrer dans les quartiers pauvres de Johannesbourg (Alexandra, centre-ville, etc.) et du Cap. L’objectif central de l’étude est de comprendre les effets du lockdown (confinement) sur le quotidien des travailleurs pauvres : des gardiens de parking aux travailleuses à domicile, des vendeurs de rue aux recycleurs de déchets, cette étude appréhende l’informalité avec une définition large.
Une idée a émergé au fil de l’enquête : celle de produire un documentaire à partir de quatre entretiens filmés, intitulé “What are we gonna eat tomorrow?” Informal workers during the Covid-19 pandemic in South Africa.
Ce film a pour ambition de donner la parole à ces travailleurs, de découvrir leur travail et leurs conditions de vie durant le confinement, et de comprendre de façon concrète comment la pandémie a eu un impact sur leur quotidien.
Deux femmes et deux hommes ont été retenus :
- Un vendeur de rue zimbabwéen, qui a choisi de rester anonyme pour protéger son identité, signe tangible de la précarité des travailleurs étrangers sans papiers. Il est filmé en extérieur dans un quartier ouest de Johannesburg.
- Un recycleur (reclaimer) sud-africain, qui a été filmé sur le lieu même où il trie des déchets dans le quartier de Braamfontein, ce qui permet de donner à voir ses difficiles conditions de travail.
- Une ancienne travailleuse domestique présidente de la SADSAWU (South African Domestic Service and Allied Workers Union), qui représente des travailleuses domestiques dont l’emploi se situe aux limites de l’informalité. Elle est filmée dans les bureaux du syndicat dans le CBD de Johannesburg, quartier pauvre et dégradé.
- Une vendeuse de rue filmée à chez elle, dans le township d’Alexandra.
Alternant séquences en intérieur et séquences en extérieur, le documentaire a pour ambition de proposer un portrait sensible des travailleurs informels et, surtout, d’écouter ce qu’ils ont à dire sur les temps troublés de la pandémie. Tout au long du film, ces travailleurs abordent trois grands thèmes : leur identité et métier(s) au sein du secteur informel, les effets de la pandémie et du confinement sur leur quotidien, ainsi que la spécificité de leurs activités.
Sophie Dulucq (Directrice) et Line Relisieux (Chargée de projets)